1ère année - Synthèse d'économie générale

 

 
 
1. Le fonctionnement des marchés et la détermination des prix
 
A. Les échanges sur les marchés
 
Aucun agent économique (ménage, entreprise, etc.) ne peut produire tout ce qu’il consomme. Un ménage, par exemple, ne peut pas produire tous les biens qu’il consomme dans sa vie quotidienne (produits alimentaires, voitures, vêtements, etc.). Au sein de l’économie, le travail est réparti entre les différents agents économiques et chacun se spécialise sur une activité particulière. Une entreprise, par exemple, fabriquera des téléphones, tandis qu’une autre fabriquera des pizzas et qu’un autre individu, membre d’un ménage, mettra ses compétences au service d’une boulangerie. Cette division du travail et cette spécialisation des agents économiques impliquent qu’ils doivent tous entrer en relation les uns avec les autres pour obtenir ce qu’ils ne produisent pas et ce qu’ils ne possèdent pas, afin d’assurer leurs besoins quotidiens. C’est ici qu’apparaît la nécessité de l’échange entre les agents économiques. Tout peut être échangé : des biens, des services, du travail, des capitaux. Au cœur des échanges, ce sont les ressources financières dégagées de la réalisation des activités de chacun (le chiffre d’affaires des entreprises qui fabriquent des téléphones et des pizzas, le salaire du boulanger) qui sont échangées contre les biens et services nécessaires (les matières premières pour les entreprises qui fabriquent des téléphones et des pizzas, des biens alimentaires pour le boulanger au sein de son ménage). Ces échanges sont effectués sur des marchés ; on parle d’économie de marchés.
Les marchés sont organisés et encadrés afin de protéger les agents qui s’y retrouvent. C’est ainsi que les marchés (du moins dans les économies développées) reposent sur des principes protecteurs qui se retrouvent en général dans la loi (droit de la consommation principalement) : le respect de la concurrence, la bonne exécution des contrats et l’accès à l’information en sont trois exemples. La bonne exécution des contrats signifie qu’un agent versant une somme d’argent pour obtenir en échange un bien ou un service est protégé par la loi si le vendeur ne lui fournit pas dans les conditions prévues le bien ou service en question. L’accès à l’information signifie que les acheteurs ont un droit d’accès à diverses informations leur permettant de savoir exactement ce qu’ils achètent et de ne pas être trompés (ingrédients d’un produit, prix du produit, provenance du produit, etc.).
 
B. La confrontation de l’offre et de la demande et la détermination des prix de marché
 
Les marchés fonctionnent sur un principe simple qui est toujours le même : ils organisent une confrontation entre une offre (vendeurs) et une demande (acheteurs) pour un même produit, à l’issue de laquelle est déterminé le prix d’échange. Le niveau du prix d’échange, aussi appelé « prix de marché », dépend du niveau de l’offre et du niveau de la demande. Ainsi, si le niveau de l’offre est faible et le niveau de la demande est élevé, le prix d’échange aura tendance à être élevé. Ceci se comprend : la demande étant plus importante que l’offre, tous les demandeurs ne pourront pas être servis et ce n’est que lorsque le prix va s’élever que le nombre de demandeurs prêts à payer ce prix va se réduire. Tant qu’il y a plus de demandeurs que d’offreurs, les offreurs ont tendance à accroître le prix : ce n’est que lorsque le nombre de demandeurs est égal au nombre d’offreurs que le prix est stabilisé. On dit alors qu’il s’agit d’un prix d’équilibre (offre = demande : équilibre). Bien sûr, lorsque le niveau de l’offre est élevé (beaucoup de vendeurs) et que celui de la demande est faible (peu d’acheteurs), c’est l’effet inverse qui se produit, avec un prix qui tendra à être faible.
Le processus de détermination du prix d’équilibre est exactement le même sur tous les marchés, quelle que soit la nature de ce qui est échangé. Sur le marché du travail, le prix d’équilibre est un salaire d’équilibre ; sur le marché des capitaux, le prix d’équilibre est un taux d’intérêt d’équilibre ; etc.
 
C. Les variations de l’offre, de la demande et des prix de marché
 
Les prix de marché ne sont jamais figés puisqu’ils sont déterminés par le niveau de l’offre et de la demande, et que ces niveaux varient dans le temps. Les variations de l’offre et/ou de la demande sur un marché impliquent directement une variation du prix d’équilibre sur ce marché. Le sens de variation du prix (à la hausse ou à la baisse) dépend de la comparaison des variations des niveaux de l’offre et de la demande. Par exemple, si le niveau de l’offre baisse et que le niveau de la demande reste constant ou s’accroît, le prix d’équilibre variera à la hausse. Inversement, si le niveau de l’offre s’accroît et que le niveau de la demande se réduit, le prix d’équilibre variera à la hausse. Dans certains cas, une comparaison plus poussée doit être menée : si les niveaux de l’offre et de la demande diminuent simultanément, il est nécessaire de connaître l’intensité de la baisse de chacun des deux niveaux pour déterminer la variation du prix d’équilibre. Globalement, les variations du prix issues des variations de l’offre et/ou de la demande renvoient à la loi de l’offre et de la demande.
Les causes de variations de l’offre sont multiples. Il est possible d’en citer de manière non exhaustive : l’arrivée ou la disparition d’un nouveau concurrent (cas de Free sur le marché de la téléphonie mobile), l’épuisement/la découverte d’une ressource, la réduction du volume de l’offre par la mise en place de quotas (ce qui fut souvent le cas sur le marché du pétrole), des variations du cours des monnaies qui poussent à vendre/à ne pas vendre sur les marchés internationaux, des conditions météorologiques favorables/défavorables à une production, etc. Il est par ailleurs à noter que les ententes que les offreurs pourraient nouer entre eux pour réduire volontairement – et au détriment des consommateurs – le niveau de l’offre sur le marché sont interdites par la loi. On les appelle des pratiques anticoncurrentielles.
Les causes de variations de la demande sont également multiples. Il est possible d’en citer de manière non exhaustive : l’accroissement/la réduction de la taille de la population, un engouement/un rejet pour un produit, la mise sur le marché d’un nouveau produit, la perspective de réaliser des plus-values (cas du cours des actions dont les variations entraînent des variations de la demande à leur égard), un besoin croissant (le besoin de se loger ; le besoin de recruter des ingénieurs), etc.
 
2. Les prix de marché et les décisions des agents économiques
 
A. L’impact du niveau des prix sur les décisions des agents économiques
 
Le niveau des prix impacte les décisions des agents économiques de différentes manières selon les agents économiques considérés. Du point de vue des entreprises, le niveau des prix peut les pousser à modifier leurs choix de production et d’investissement. En effet, si le prix de marché du bien que les entreprises produisent est faible, cela peut dans certains cas les pousser à réduire leur production (soit parce que l’activité n’est plus rentable, soit pour réduire l’offre et faire remonter le prix), voire à la stopper. C’est notamment le cas actuellement des producteurs de lait qui réduisent leur collecte de lait en raison du faible prix de ce dernier. De même, le niveau des prix peut impacter les politiques d’investissement : un faible prix du bien vendu entraîne des recettes faibles, et donc des moyens réduits pour investir. Des choix d’investissement peuvent ainsi être différés, voire annulés.
Du point de vue des consommateurs, le niveau des prix peut peser sur leurs décisions de consommation. Un prix de marché élevé peut éloigner les consommateurs de l’acte d’achat ; inversement, un prix faible peut les attirer et les pousser à acheter. Il en va de même sur les choix d’investissement (immobilier, marché des titres financiers, etc.) Il est toutefois à noter que les effets d’un prix sur la consommation des ménages doivent être différenciés selon les ménages considérés. Les décisions de consommation des ménages aisés sont en général moins touchées par le niveau des prix que celles des ménages moins aisés.
 
B. L’impact des variations de prix sur les décisions des agents économiques
 
Les variations du niveau des prix peuvent également impacter les décisions des agents économiques. En effet, l’augmentation ou la réduction d’un prix modifie les perspectives des agents économiques et peut les pousser à modifier certains de leurs comportements. L’accroissement du cours d’une action peut ainsi donner lieu à des modifications de comportement diverses chez les ménages et les entreprises : certains souhaiteront vendre les actions détenues pour encaisser des plus-values ; d’autres souhaiteront acheter des actions en espérant que leur cours continuera de s’accroître ; d’autres, enfin, préféreront attendre et investir dans un autre projet. Ces différences de comportements mettent en évidence que les variations de prix impactent différemment les agents économiques selon leurs anticipations, leur niveau de confiance, leur goût ou non pour le risque, leurs expériences personnelles, leur personnalité, etc. Les arbitrages réalisés par chacun sont ainsi uniques.
Les variations de prix impactent les décisions des agents économiques sur tous les marchés : marché des biens, des services, du travail, des capitaux.